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Puisqu'elle résulte d'une éruption volcanique, La Réunion était à l'origine déserte, et sa flore résulte à l'origine d'une migration passive mais dans un premier temps naturelle depuis les zones continentales les plus proches (c'est à dire l'Océanie, Madagascar et l'Afrique de l'Est, principalement). Le peuplement végétal de l'île se fait donc dans un premier temps par la dissémination des graines, transportées par la mer, le vent, ou les oiseaux.
Puis, lorsque l'île commence à être habitée, une importation de plantes exotiques s'instaure avec les colons, que ce soit à des fins d'exploitation (café, vanille, canne à sucre) ou environnementales (pour fixer les dunesce qui modifiera énormément la végétation de l'île.

Aujourd'hui, on trouve sur l'île des plantes venues de tous les continents, importées au fil des siècles. Plus de 200 familles de plantes spécifiques à la Réunion sont comptées, totalisant plus de 900 taxons, dont une centaine d'orchidées.



Isle de Bourbon par Nicolas Bellin (1763)
L'île est subdivisée en 5 régions climatiques,
ce qui donne 5 types de végétation différents.
La végétation littorale est spécifique à un milieu particulier, et composée de plantes résistantes capable de s'adapter au sol maigre, l'eau rare, et la forte exposition aux vents.
Il est aujourd'hui difficile de savoir à quoi le littoral de l'île ressemblait, avant que l'île soit occupée ; l'environnement a très fortement été modifié et est aujourd'hui occupé par des herbes, des lianes, des arbustes.
On y trouve par exemple :
- Zoizia tenuifolia (" Gazon de bord de mer ")
- Ipomoa Pescaprae (Patate à Durand)
- Scaevola taccada (veloutier vert)
- Tournefortia argentea (veloutier blanc, rare)
- Pandanus utilis (Vacoas, dont une variété est endémique)
- Casuarina equisetifolia (Filao, importé pour fixer les dunes)


la végétation littorale


les savanes
On ne sait pas à quoi ressemblaient les zones très sèches de la côte Ouest. On suppose cependant qu'on pouvait y trouver une savane de graminées, composée par exemple de Latania lontaroïdes (Lataniers) et Terminalia bentzoe (Benjoins) indigènes.

La présence de l'être humain a modifié les paysages, aujourd'hui envahis d'espèce exotiques, souvent épineuses.
On y trouve par exemple :
- Dicrostachys cinerea (appelés " Zépinards "
de saint-Leu)
- Pithecol-lobium dulce (Tamarin de l'Inde)
- Leuceana leucocephala (Casses)

forêt tropicale semi-sèche de basse altitude
Elle couvre l'essentiel de la Côte sous le Vent, et monte jusqu'à environ 700m d'altitude, et va jusqu'aux cirques de Mafate et Cilaos. Les plantes qui la composent sont adaptées aux fortes chaleurs et au manque de pluie.
Aujourd'hui, elle a presque entièrement disparu, bien qu'il en reste quelques fragments (Mafate, Cilaos, Vallée de Grande-Chaloupe).
On y trouve par exemple :
- Ruizia cordata (" Bois de Senteur Blanc ", déjà présent à l'origine et qui a pu être multiplié et préservé).

forêt tropicale humide de basse altitude


Bien qu'ayant aujourd'hui en grande partie disparu, à l'origine elle allait de Saint-Denis à la rivière d'Abord, tout le long de la Côte au Vent, et s'élevait jusqu'à 800m. Bénéficiant de beaucoup plus de précipitations qu'à l'Ouest, elle a pu développer un couvert forestier plus élevé (15 cm en moyenne), dense et touffu, créant ainsi un microclimat propice à la prolifération d'épiphytes (mousses, fougères, orchidées).
On retrouve encore aujourd'hui des éléments importants en altitude (Hauts de l'Est) et jusqu'au niveau de la mer dans les régions de Saint-Rose et Saint-Philippe, ainsi qu'un grand nombre d'orchidées dont un tiers endémiques.
On y trouve par exemple :
- Sideroxylon borbonicum (Bois de fer)
- Mimosups maxima (grand Natte)
- Labourdonnaisia calophylloides (petit Natte)
- Palmistes

forêt tropicale humide de moyenne altitude
Même si elle a aujourd'hui considérablement reculé suite à l'action humaine, elle ceinturait à l'origine toute l'île entre 500 et 700m dans l'Ouest, et 750 et 1000m à l'Est et était adaptée au climat humide et aux température plus basses. On en trouve cependant encore d'importantes surfaces dans les cirques ainsi que les deux côtes, riches d'une très grande variété de plantes, dont la plupart sont endémiques, ainsi que de nombreuses espèces de mousses, fougères et orchidées.
On y trouve par exemple :
- Vermonia fimbrillifera (Bois de sapo)
- Dombeya (Mahots)
- Mominia rotundifolia (Mapou)
- Cyathea (fougères arborescentes " Fanjans ")
- Forgesia racemosa (Bois de Rose)
- Phyllanthus phyllireifolius (Faux bois de demoiselle)

Les forêts de montagne forment un cercle quasi-complet autour de l'île, et se trouvent entre 900 et 1800m sur la Côte au Vent et 1100 et 2000m sur la Côte sous le Vent. Elles sont très diversifiées, en fonction des régions et de l'humidité, et les effets de reliefs provoquent une quasi-quotidienne formation de nuages contribuant à l'importante humidité (proche des 100%). Les températures y sont plus basses, mais les conditions réunies permettent le développement d'un couvert végétal très dense.

forêts de Tamarins des Hauts
Espèce hétérophylle endémique de la Réunion, le Tamarin des Hauts peut atteindre de grandes hauteurs (25m) mais est vulnérable aux cyclones, qui en inclinant leur tronc leur donne la silhouette courbée que l'on connait. Ils peuvent vivre des siècles, et vivent souvent en association avec un bambou endémique, le Calumet.
On y trouve par exemple :
- Acacia heterophylla (Tamarin des Hauts)
- Nastus borbonicus (Calumet)
Bien que leur hauteur ne dépasse rarement 10m, elles sont les plus riches et les plus denses de l'île. Ses arbres sont souvent ramassés, et adaptés aux différentes conditions (certains ont besoin de lumière, d'autres peuvent se développer dans la pénombre humide du sous-bois). Elle abrite de nombreuses plantes, lianes et herbes.
Le sol de ces forêts est l'hôte d'une immense quantité de mousses, fougères et orchidées si bien que le terrain et les branches sont totalement recouverts.

forêts de Bois de Couleur des Hauts
On y trouve par exemple :
- Dombeya (Mahots)
- Monimia rotundifolia (Mapou)
- Cloaxylon glandulosum (Bois d'Oiseau)
- Nuxia verticillata (Bois Maigre)
- Weinmannia tinctoria (Tan rouge)
- Chassalia corallioides (Bois de Corail)
- Badula borbonica (Bois de Savon)

l'avoune


La forêt très humide que désigne ce mot créole se développe sur un sol pauvre et est essentiellement constituée de bruyères arborescentes et arbres clairsemés.
L'avoune désigne désigne plus spécifiquement le sol composé de matières organiques qui s'y est développé, d'une épaisseur atteignant parfois 2 mètres.
On y trouve par exemple :
- Erica reunionensis (Branles verts)

fourrés hyper-humides
Cett variante de l'avoune, nécessitant une très forte pluviométrie, ne se trouve que sur la Côte au Vent (où on a 5m de précipitations par an).
On y trouve surtout des arbustes très nombreux, des Palmistes, et des fougères.
On y trouve par exemple :
- Cythea (Fougères arborescentes)
- Acanthophoenix purpurescens (Palmistes rouges)
- Pandanus purpurescens (Vacoas des Hauts, dits " Pinpins ")
À partir de 2000m d'altitude, on trouve donc des plantes singulières et résistante, contrainte par le froid, les fréquents brouillards, les vents forts et le substrat maigre des sommets à prendre des formes étonnantes.
Les formations de haute altitude sont de petite taille, et adoptent souvent des formes contournées, aux feuilles épaisses et coriaces, ou réduites à des aiguilles, tandis que d'autres ont développé un duvet permettant de capturer l'humidité matinale. Cela est dû aux conditions difficiles : les différences sont grandes entre l'ensoleillement, parfois très fort et moins filtré par l'atmosphère, et les grands froids nocturnes (souvent en dessous de 0 durant l'hiver austral). Même si on atteint en moyenne 2 à 3m de pluie par an, l'humidité reste très irrégulière, et les nuages qui rafraîchissent les basses altitudes ne sont pas toujours présents. De plus, le sol est constitué essentiellement de roches nues, avec peu d'humus.
On trouve également en haute altitude des prairies à graminées dans les zones plates, là où l'humidité reste plus longtemps.



formations de haute altitude
On y trouve par exemple :
- Psiadia
- Erica reunionsis (Branles vert, entre 2000 et 2500m)
- Stoebe passerinoides (Branles blanc, au dessus de 2500m)
- Phylica nitida (Ambaville bâtard, endémique)
- Sophora denudata ("Petit Tamarin des Hauts", endémique)
- Erigeron karwinskianus ("Marguerites folles")
- Hypericum lanceolatum ("Bois de fleur jaune", indogène)
- Hubertia tomentosa var. Conyzoides ("Petite Ambaville")
La flore de l'Île de La Réunion est relativement jeune, compte tenu du fait que l'île est apparu il y a seulement 3 millions d'années. Avant l'arrivée de l'Homme, comme évoqué plus haut, la végétation n'avait d'autre moyen de colonisation que les méthodes naturelles : par les airs, par la mer, ou par les animaux (aériens, également).
Le voyage aérien permettait de transporter les graines fines, emportées lors de tempêtes, cyclones et incendies, et pouvant voyager ainsi sur des centaines ou milliers de kilomètres.
L'autre voyage par les airs, c'est souvent dans le système digestif des oiseaux migrateurs qu'il s'opère, et concernait surtout les graines dotées de coques vernies et suffisamment résistantes aux acides gastriques.
Enfin, le voyage par la mer a apporté sur l'île les graines suffisamment grosses, et capables de flotter, telles que les noix de coco.

Le voyage de ces graines s'est fait dans deux sens : depuis l'Australie et l'Indonésie (courants maritimes/aériens de l'Océan Indien) ; ou depuis Madagascar et l'Afrique, lors de cyclones et autres perturbations saisonnières, ou encore via les vents de très haute altitude soufflant à l'inverse des alizés.

Aujourd'hui, les plantes de La Réunion ne ressemblent plus à leurs ancêtres, ayant muté au fil des siècles en s'adaptant aux différents milieux de l'île, jusqu'à devenirs différentes





Pour illustrer ces différents voyages ainsi que les distances parcourues, on sait par exemple aujourd'hui que les Tamarins de Hauts (Acacia heterophylla) descend du Blackwood (Acacia melanoxylon), un arbre australien dont la semence a colonisé de nombreux endroits de la planètes puisqu'on trouve aujourd'hui ses héritiers jusqu'à Hawaii (Acacia koa)
On constate aujourd'hui que 5,4% (soit 49 espèces) des espèces végétales ont disparu de l'île. Sur 905 espèces évaluées, 30,4% (soit 275 espèces) sont considérées comme menacées, dont certaines sont classées comme étant en danger critique.

Par exemple :
- Le Bois de savon (Badula barthesia), plante endémique et seule espèce endémique des Ébénacées, est devenu rare aujourd'hui.
- Les Petits Tamarins des Hauts (Sophora denudata), dont la population a chuté de plus de 50% depuis le milieu du XIXe s. (pâturage, feux de forêt). Espèce aujourd'hui considérée comme en danger.
- Le Bois de lait (Tabernaemontana persicariifolia), classé en danger critique.
- Le Bois de chenilles (Clerodendrum heterophyllum), en danger critique lui aussi, menacé par la Liane papillon, une peste végétale.
Et beaucoup d'autres encore...
https://uicn.fr/wp-content/uploads/2010/12/Liste_rouge_France_Flore_vasculaire_de_La_Reunion.pdf
La flore de La Réunion est très riche, mais également très fragile, d'autant plus depuis l'arrivée de l'Homme sur l'île. En effet les plantes, endémiques ou indigènes, se sont développées dans un milieu clos et sans grande concurrence de la part d'autres espèces végétales compte tenu de l'insularité et de la taille de l'île.
L'action humaine a d'autant plus fragilisé la flore de La Réunion. L'introduction d'entre 1000 et 1500 nouveaux végétaux depuis le début de la colonisation a mis en danger cet équilibre fragile, puisque certains de ces végétaux se sont comportées comme des pestes végétales. De plus, le défrichement des forêts de basse altitude, remplacées par des cultures, les incendies (volontaires et accidentels) et l'augmentation de la population ont été d'autant plus de menaces pour la fragile flore de l'île.

On dénombre à La Réunion des dizaines de peste végétales, se multipliant très rapidement et envahissant les écosystèmes à la place des plantes indigènes et endémiques, si bien qu'aujourd'hui toute introduction non contrôlée de plantes, boutures ou graine, est interdite afin de préserver la végétation réunionnaise déjà mise en danger.
Parmi les pestes végétales les plus connues, on trouve :
- L'Acacia des Hauts (introduit au XIXe s. pour la culture du géranium)
- Rubeus alceifolius (Vigne maronne, introduite au XIXe s. depuis le Sud-Est de l'Asie)
- Goyavier (introduit vers 1825 et originaire de Chine, du Brésil et de Java)
- Eugenia jambos (Jamerose, introduit vers 1750 depuis l'Inde)
- Liane papillon (originaire de Malaisie, qui recouvre et entoure les plantes jusqu'à les étouffer)
- Ajonc d'Europe (très envahissant et venu d'Europe)

S'il est aujourd'hui interdit d'introduire des plantes sur le territoire sans contrôle préalable, ce n'est pas la seule mesure qui a été prise pour protéger l'écosystème de La Réunion : la cueillette est interdite et des réserves naturelles ont été crées sur les secteurs jugés comme étant les plus sensibles.

Il y a deux réserves naturelles, Roche Ecrite et Mare Longue, et 105400 hectares protégés par le Conservatoire du Littoral et le Pars National de la Réunion : 100900 hectares de zones naturelles, et, notamment dans les Cirques, 3100 de coeur habité (vie humaine), et 1400 de coeur cultivé (enclave d'élevage et production de bois).

L'étude scientifique de la flore de La Réunion contribue également à sa préservation. Elle remonte à très loin : Philibert Commerson créa les premiers herbiers en 1770, suivi au fil des ans par d'autres publications sur la flore de l'île, ou plus généralement des Mascareignes.
De nos jours, l'Herbier Universitaire renferme des milliers d'échantillons et de planches d'herbier, regroupant 2000 espèces (quasi-totalité des espèces indigènes de l'île). De plus, même nos jours nous continuons encore à découvrir et répertorier de nouveaux végétaux.
Le Conservatoire botanique national de Mascarin a également contribué à sauver des espèces très menacées.

Le travail des tisaneurs, des laboratoires pharmaceutiques qui étudient de manière très poussées le patrimoine botanique, ou même d'amateurs volontaires, contribuent également à appuyer le travail des scientifiques et à développer la recherche dans ce domaine, contribuant ainsi à la préservation de la flore locale.



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